Le Shôtôkan
Le karaté est un art martial aux origines indiennes et chinoise qui prend véritablement naissance à Okinawa à la fin du 19e siècle.
Le Shôtôkan est l’un des styles majeurs de cet art martial. Il a été codifié par Maître Funakoshi Gichin au début du 20ème siècle. Il prend racine dans le Shuri-te de Azato Anko et de Itosu Yasutsune. Le karate de Funakoshi, au fil des années, a énormément évolué par l'apport en premier lieu de son fils Yoshitaka et également par la création de la Japan Karate Association avec en chef de file senseï Nakayama Masatoshi
Ô senseï Funakoshi est né le 10 novembre 1868 à Yamakawa, Shuri, préfecture d'Okinawa. Descendant d'une lignée de samouraï, il naît cependant dans une famille relativement modeste. Il commence l'étude du karate de la branche shuri-te à l'âge de 11 ans avec le fils du maître Azato ankoh (élève lui-même de maître Matsumora Sokon) qui était également son maître d'école. Plus tard il sera enseigné par Azato lui-même. Il appris également avec Itosu Yasutsune, l’un des experts les plus reconnus d'Okinawa et Kiyuma Peichin, personnage plus discret dans la généalogie du karaté. Les entraînements de l'époque était traditionnels, physiques, ils se déroulaient souvent la nuit et l'on apprenait le karate en longues répétitions et pas à pas (un kata tous les trois ans). Son sens de la pédagogie et son habileté martiale feront de Gichin Funakoshi un expert reconnu du To-Te (main de Chine). Instituteur sur Okinawa il va développer et transmettre son art. Il était l'homme le plus apte à installer le karaté hors d'Okinawa.
Gichin Funakoshi
Le Japon
Ô senseï Funakoshi arrivé au Japon va commencer à enseigner dans les universités japonaises et travailler comme gardien de dortoir. Le karate du maître commence à se développer, plusieurs "clubs" universitaires se créent et le maître ira y enseigner (le karate moderne naissait, ce n'était plus l'élève qui venait voir le senseï mais le senseï qui se déplaçait pour instruire des élèves en très grand nombre. Malheureusement, le fait d'enseigner à des jeunes de manières traditionnelle (kata et bunkaï uniquement) ne va pas faire l’unanimité. En effet, beaucoup de ses jeunes pratiquants avaient envie d'aller plus loin, pratiquer le kumite, ce que Ô senseï Funakoshi se refusait de faire. Pour cette raison, il prit la décision d’arrêter d'enseigner dans de nombreux dôjô universitaires. Ce n'est qu'en 1936 qu'il va faire construire au Japon avec l'appui de ses premiers élèves sa propre école, le Shôtôkan (académie (kan) de Shoto : "ondulation des pins sous le vent"). Ce dôjô donnera le nom au style de karaté que Ô senseï enseignait. Lui-même n’avait jamais désigné sa pratique qu’il nommait simplement karate. Ce Shôtôkan comprendra 15 kata fondamentaux et plusieurs créations personnelles : Ten-no-kata et les trois Taikyoku (shodan, nidan, sandan) qu'il avait conçu avec l'aide de son fils Yoshitaka (Gigo) et les Pinan seront renommés Heian. Ce style reprenait principalement les bases de Itosu senseï et avait une approche simple, humaniste, axé sur l’étude profonde, la paix et ancré dans le budô japonais. Le karate, plus guerrier, appris de Azato ne sera enseigné qu'à son fils Yoshitaka. Le Shôtôkan sera totalement détruit pendant la seconde guerre mondiale et de nombreux élèves de la première heure, gradés, seront tués.
Ô sensei décède en 1957 à Tokyo laissant derrière lui un héritage immense et mondialement reconnu bien que transformé. Aujourd’hui des grandes visions se distiguent : les deux branches que l’on qualifieraient d’anciennes : le Shôtôkaï (Egami shigeru et Harada Mitsusuke) et celle de Oshima Tsutomu (1930 - ) et la branche plus récente qu’est la Japan Karate Association (J.K.A) créée par Nakayama, Nishiyama et Takagi d’où dérivent encore d’autres courants comme le Kase-Ha de senseï Kase Taiji.
Yoshitaka, le fils qui va changer la face du shôtôkan
Son fils, et élève, Yoshitaka (né en 1906) va sensiblement modifier le style originel de son père. En effet il va introduire le travail de kumite que son père avait toujours refusé. Il va également agrandir les positions pour "s'ancrer" d'avantage au sol et maximiser la puissance des hanches. Il va également rechercher dans son étude l'attaque ultime, l'attaque décisive comme au temps des samouraïs et de leur travail au sabre. Son entraînement fût intense voir excessif, se sachant malade et condamné (il avait contracté une pneumonie dans sa jeunesse), il a poussé son corps dans ses derniers retranchements avec des entraînements toujours plus éprouvants et est devenu un karatéka d'une très grande puissance physique (on dit qu'il cassait régulièrement les makiwara). Instructeur principal au dôjô du Shôtôkan Il va transmettre un karaté différent de celui de son père et sûrement très proche de celui de Maître Azato, l'un des professeurs de Funakoshi Gichin. Celui-ci enseigna seulement à son fils l'approche de Azato et enseigna aux "autres" l'approche de Itosu. Il va en plus mettre au point les Yoko-Geri, Mawashi-Geri et Ushiro-Geri, les mouvements vont devenir lus amples et les positions bien plus basses. A partir de 1940 Yoshitaka va dispenser ses cours à de nombreux kamikazes, le spirituel s'éteignant derrière le besoin d'efficacité. A la fin de sa vie, il ne viendra enseigner au Shôtôkan que un ou deux jours par semaine et seulement à des gradés avec lesquels il s'entraînait depuis longtemps. Il s'éteignit en 1945.
Nakayama Masatoshi, le successeur japonais de Funakoshi
Senseï Nakayama est né en 1913 au Japon, il sera initié dès l'âge de 10 ans au Jûdô et dès 13 ans au Kendô par son père. A l'âge de 19 ans il entre à l'université de Takushoku pour étudier l'art et l'histoire. Il va ainsi découvrir le karaté enseigné à l'époque par Gichin Funakoshi lui-même. Les entraînements étaient d'inlassables et éprouvantes répétitions de kata et de frappes sur makiwara. Il restera 5 ans auprès du maître avant de partir pour la Chine dans le cadre de ses études. Il continuera à s'entraîner et découvrira les boxes chinoises et le Tai Chi Chuan. Ce n'est qu'en 1945 qu'il revient à Tokyo où il ne trouve qu'un shôtôkan détruit par les bombes. Beaucoup de ses anciens partenaires d'entraînements sont morts. En 1949 il crée la Japan Karaté Association avec l'aide de Nishiyama senseï et de Takagi senseï. Ainsi, sont formés nombre d'instructeurs chargés d'enseigner le karaté Shôtôkan à travers le monde. En 1957 il organise les premiers championnats du Japon, il instaure aussi un système de grade à 8 dan. Me Nakayama va écrire de nombreux ouvrages sur le technique du Shôtôkan-Ryû. Il s'est éteint en 1987 à l'âge de 74 ans.